Farrah El-Dibany à cœur ouvert à l’équipe du Progrès Egyptien

Dr Nesrine Choucri Dimanche 03 Novembre 2019-13:28:33 Salon
Farrah El-Dibany à cœur ouvert à l’équipe du Progrès Egyptien
Farrah El-Dibany à cœur ouvert à l’équipe du Progrès Egyptien

 

Tel un papillon qui voltige et qui crée une ambiance joviale, Farrah El-Dibany a eu un entretien avec l’équipe du Progrès Egyptien. Franc parler, spontanéité, et convivialité décrivent minutieusement la personnalité d’El-Dibany. La mezzo-soprano a révélé, durant sa visite dans les locaux de notre quotidien, son goût pour l’histoire, notamment celle de l’Egypte. Eprise des archives du Progrès Egyptien, sa visite s’est répartie en deux grands temps : la découverte des archives ainsi qu’une interview exclusive à l’équipe très féminine de l’unique quotidien francophone d’Egypte.

 

Y ont assisté : Chaïmaa Abdel-Illah, Soha Hussein Gaafar, Marwa Mourad,
Dalia Hamam, Hanaa Khachaba, Nermine Khattab et Aya Magdi

 

Artiste de calibre, chanteuse d’opéra hors pair, la mezzo-soprano El-Dibany a été récemment auréolée par maintes décorations  dont le Prix Lyrique décerné par l’Association pour le rayonnement de l’Opéra National de Paris (AROP) en France. A noter que Farrah El-Dibany est la première égyptienne à avoir intégré l’Académie de l’Opéra de Paris en 2016. Elle a chanté le rôle-titre de Carmen à Rheinsberg après avoir remporté le Prix Kammeroper Schloss Rheinsberg en 2017. Elle a de même remporté le Prix Wagner Stiftung en 2018 et s’est produite à cette occasion à la Komische Oper de Berlin et au Festival de Bayreuth. Récemment, le Président Abdel Fattah Al-Sissi a honoré et décoré la jeune mezzo-soprano lors du 7ème Forum National des Jeunes. Une décoration qui lui tient tout particulièrement à cœur. Interview.

Salon du Progrès Egyptien : Il est clair que vous êtes jeune. Vous avez réalisé une réussite considérable. Nous souhaitons savoir comment avez-vous commencé depuis que vous étiez enfant à l’école jusqu’à ce que vous ayez été décorée à l’Opéra de Paris ?

Farrah El-Dibany : Je suivais des cours de piano au Conservatoire à Alexandrie. A la maison, j’écoutais de l’opéra et de la musique classique. Mes grands-parents les écoutaient. J’étais à l’école allemande d’Alexandrie et elle accordait un intérêt majeur à la musique. Je chantais dans la chorale. Mais, j’étais plus concentrée à jouer du piano et faire du ballet, jusqu’à l’âge de 14 ans. A cet âge-ci, mon professeur à l’école m’a entendu chanter en tant que soliste dans la chorale, il m’a dit alors que je devais chanter à l’Opéra. Mon professeur était allemand. Et c’est lui qui m’a entraînée à chanter. Je me suis entraînée avec lui sur le chant classique pendant une session de travail.

Puis, j’ai commencé à être formée par Névine Allouba, qui est la soprano égyptienne à Alexandrie. A l’époque, j’ai commencé à animer des soirées à Alexandrie. En même temps, il y avait une compétition allemande. J’y ai pris part et j’ai réussi. A partir de ce moment, j’ai commencé à partir en Allemagne. En premier lieu, je suis partie en Allemagne pour poursuivre mes études d’architecture. Mon grand-père me conseillait toujours de poursuivre mes études d’architecture en parallèle de ma carrière artistique. J’ai fait mes premiers pas là-bas avant de partir en France. Ainsi, ai-je obtenu mon diplôme en architecture tout en étudiant le chant opéral. Ce n’est pas facile de suivre des études dans deux domaines différents en même temps.

SPE : Quelles sont les difficultés liées à votre métier ?  

El-Dibany : Dans tous les domaines, il y a beaucoup de difficultés. Mon métier en tant que mezzo-soprano ne fait pas exception à la règle. D’abord, nous participons à plusieurs compétitions et chaque fois, il y a le stress. La concurrence, au sein de l’Opéra, est stressante et il faut toujours garder une bonne performance car nous construisons notre réputation de chanteur. L’année dernière, je m’étais opérée. Je ne pouvais pas chanter tout de suite et j’ai pris du temps pour me rétablir. J’étais très stressée car je devais avoir la même performance d’avant l’opération. Ce n’était pas facile et il fallait attendre. Je devais m’armer de patience.

Evidemment, il y a quelques astuces pour bien chanter : boire beaucoup d’eau ainsi que des boissons chaudes comme les tisanes, l’anis, etc…

SPE : Comment avez-vous commencé votre carrière à l’Opéra de Paris ?

El-Dibany : Alors que j’étais en Allemagne, j’essayais de frayer mon chemin, que ce soit à l’Opéra de Paris, suisse ou allemand. J’ai pris part à plusieurs auditions. Les portes de l’Opéra ne sont pas facilement ouvertes. En effet, plus de 800 chanteurs se présentent, et quatre seulement sont choisis. J’étais parmi eux. C’est un vrai privilège.

SPE : Comment s'est passée votre expérience de tournage d'une bande-annonce à l'Opéra national de Paris pour Devialet ?

El-Dibany : C’était une expérience incroyable, quelque chose qui se produit une fois dans une vie car il est très rare que vous trouviez quelque chose qui a été tourné à l’Opéra de Paris. Nous avons tiré dans des endroits où personne n’entre, par exemple personne n’est autorisé à se trouver sur le toit, mais j’y allais au lever du soleil. C’est incroyable de vivre cet opéra, ce palais à cette heure de la journée. Nous avons également tiré au sous-sol, c'était très intéressant. Je me suis sentie spéciale; c'était très touchant, comme si j'avais été conduite dans le passé, comme si j'étais dans une autre époque. C'était très professionnel et très amusant. C’était deux jours de tournage, nous avons commencé à 12 heures et nous avons terminé le lendemain à midi. C’était donc très épuisant, mais aussi très excitant.

SPE : Comment voyez-vous  la décoration, par le Président, dans le cadre du 7ème Forum National des Jeunes ?

El-Dibany : C’est un sentiment indescriptible : un mélange de foi et de fierté d’être parmi ceux qui ont été décorés pour leurs exploits. J’ai été ravie de voir que le Chef de l’Etat suivait ma décoration comme la première chanteuse arabe d’opéra par l’Opéra de Paris. Je dois reconnaître que je ne m’attendais pas à cette décoration. Et comme je vis en Allemagne ou en France, je ne suivais pas les décorations de l’Etat pour les jeunes distingués. Dès que j’ai été décorée par l’Opéra de Paris, les ministères de la Culture et de l’Immigration m’ont félicitée. J’avais été informée qu’à mon retour en Egypte, je serai décorée. Mais je ne savais que je le serai dans le cadre du Forum des Jeunes.

SPE : Comment avez-vous appris que vous alliez être décorée par le Chef de l’Etat ?  El-Dibany : On ne m'a pas dit que j'étais honorée que seulement quelques semaines un peu plus tôt. J’ai appris que je serai honorée par la Présidence de la République, mais dans le cadre du Forum des Jeunes. Evidemment, je sais que le Président s'intéresse beaucoup à la culture et aux arts, car un énorme Opéra était en construction dans la nouvelle capitale administrative, ainsi qu'une ville de la culture et des arts. J'étais en Allemagne et je participais à l'opéra «Carmen». J'ai été informée de ma participation au film “Héros de chaque jour”. Je me suis rendue à Alexandrie. Le film a été tourné un jour dans la maison familiale et à l'Opéra d'Alexandrie «Théâtre Sayed Darwiche». On m'a présenté le réalisateur Karim distingué Al-Shennawy, avec qui j'ai eu plaisir à travailler.

SPE: Comment voyez-vous les Forums des Jeunes tenus périodiquement par le Président?

El-Dibany : J’ai été parmi ceux qui ont suivi les Forums des Jeunes au début. Je trouve que c’est une expérience très positive d’autant plus qu’elle permet de mettre en place un dialogue entre les jeunes et l’Etat. Bref, un vrai dialogue constructif. Lorsque j'ai assisté au 7e Forum National des Jeunes, j'ai ressenti une grande énergie positive.

SPE : Quelles sont vos ambitions dans l’avenir ?

El-Dibany : Je souhaite présenter davantage de concerts en Egypte et participer à de grands événements artistiques, tels que l'inauguration de l’Opéra de la nouvelle capitale administrative. J’aspire de même à contribuer à faire renaître l'art de l'opéra en Egypte. J’espère présenter cet art d’une manière moderne de sorte à ce qu’il soit vulgarisé par la majorité des Egyptiens.

Je dois reconnaître que j’adore l’opéra et la musique classique. J'écoute beaucoup de chanteurs comme Dalida, Aznavour, Frank Sinatra et Dean Martin. J'ai grandi en les écoutant et je les aime jusqu'à maintenant. Et bien sûr, j'écoute Abdel Halim Hafez, Chadia et Fayrouz. J'écoute toutes sortes de musique. J'écoute même de la musique latine, de la musique française et de la musique pop comme Christina Aguilera et Whitney Houston, mais j'écoute plus les anciennes chansons classiques.

J'aimerais aussi chanter des rôles comme Amneris d’opéra Aida. Je voudrais jouer le rôle de Dalila de «Samson et Dalila» dans le monde entier, mais c’est un avenir lointain. J'aimerais jouer Carmen de plus en plus dans le monde entier.

en relation